Réflexions Volubiles

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AVIS SUR ... LA DECROISSANCE

 « Être d'avant-garde, c'est savoir ce qui est mort ; être d'arrière-garde, c'est l'aimer encore » disait Roland Barthes

"La terre n'est pas un don de nos parents, ce sont nos enfants qui nous la prêtent" proverbe indien.

Je suis sûre qu'il y en a encore qui ne savent pas ce que ça veut dire, il est vrai que les médias ne sont pas bien bavards sur ce sujet, même si cela semble s'améliorer. La décroissance, quel mot bizarre, il fait même peur! Rendons lui honneur, pas facile de faire peur aux grands de ce monde.

Pourquoi on n'en parle pas plus souvent? Le monde fait l'autruche, la tête dans le sable, ce n'est pas agréable mais c'est toujours (moins pire) mieux que de regarder la vérité en face. La terre se meurt, la nature se rebiffe et on ne voit rien? Sommes nous aveugles? Inconscients? Ou alors tout simplement bêtes... Nan, tout le monde sait, plus ou moins. La société préfère ne pas y croire, c'est bien plus facile comme ça, continuer, comme si de rien n'était. Quel incroyable et efficace déni de la réalité, les hommes sont bien myopes sur ce sujet. C'est confortable de ne pas voir mais étant myope moi même, d'expérience, je préfère mettre mes lunettes, se cogner, ça fait mal et l'aveuglement ici ressemble fort à une forme de bêtise. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, continuons comme cela, pas besoin de changer quoique ce soit, ou alors pas grand chose, pour faire « bien », un peu de développement durable par-ci, d'écologie frileuse par là, des jolis discours, de belles résolutions qui ne sont pas tenues... Ceux qui nous gouvernent (je ne sais pas trop qui ils sont, surement pas ceux que l'on croit, alors je reste vague) sont sûr d'eux, ils choisissent pour nous, et ce sera la croissance et pis c'est tout, la sacro sainte Croissance, mère de toutes les vertus, dieu descendu sur terre pour nous sauver tant qu'ils y sont! La croissance nous a bien aidé, je vous l'accorde, je ne crache pas dans la soupe (j'aime pas la soupe), l'humanité a profité des progrès de la science et des bienfaits de la croissance, elle est follement plus riche qu'avant mais est-elle pour autant pleinement plus heureuse? Les Européens d'il y a cinquante ans consommaient trois fois moins d'énergie, étaient-ils trois fois moins heureux? Les français sont quatre fois plus riches mais leur vie est-elle quatre fois plus belle? Pourquoi alors les dépressions et les suicides s'intensifient et le moral des ménages reste en berne?

L'urgence écologique est une vérité (qui dérange peut être mais faudra faire avec), c'est une évidence qu'il faut arrêter de contredire et de rejeter. L'état des lieux de notre planète n'est pas fameux, on ne nous rendrai pas la caution, j'essaye d'en rire mais ça ne marche pas, je suis très pessimiste pour l'avenir. On peut me traiter de catastrophiste, peu m'importe, les faits sont devant nos yeux. Ceux qui nous gouvernent ont trop à perdre dans cette bataille, ils râlent, renâclent, refusent de voir la réalité, s'évertuent à discréditer les décroissants, s'époumonent et s'agitent pour prolonger l'illusion et s'obstinent sur le chemin de la croissance infinie. Ils perdront, et tout le monde avec. Quelle est cette prétention de croire que la terre est à notre disposition et par prolongation tout ce qui y vit. Tout ça grâce à quelques neurones en plus et la conscience de les avoir. Oh, quels pêchés d'arrogance, d'orgueil, de vanité et de suffisance! Mais pour qui se prend-t-on? Être un être « supérieur » nous donne-t-il le droit de tout détruire, le privilège de saccager et piller les ressources naturelles sans nous soucier de tout le reste? Et même si ce désastre était légitime (il ne l'est pas) est-il normal, raisonnable, intelligent et lucide? Détruire la planète où nous vivons, sans avoir de « solution de rechange » est une aberration, une chose incompréhensible, un suicide collectif, c'est une auto destruction programmée...

J'entends déjà les attaques, les critiques et les sarcasmes!! Les décroissants ne sont pas bien sérieux, laissons ces utopistes, ces rabats joie, ces empêcheurs de tourner en rond, ces contradicteurs notoires, ces troubles-fêtes, ces objecteurs de conscience... Et, oh, ça va oui, ça suffit maintenant, on arrête de jouer et on se penche sérieusement sur le problème. Je ne m'amuse pas à être pessimiste ou négative, je ne veux pas déranger les gens dans leur petite vie bien rangée mais je trouve que ça urge et que tout le monde s'en contre balance, ça m'horripile, ça m'horrifie, me désillusionne, me contrarie et me chagrine tellement. La décroissance n'est pas une « mode » ou une utopie, c'est devenu une obligation et une nécessité. Je ne fais pas exprès de croire que c'est la seule solution, ça ne m'amuse pas de voir des espèces animales disparaître à jamais dans l'indifférence générale, je ne suis pas ravie de cette situation, de perdre surement un peu de « confort » (mais décroissance n'est pas égale à retour au moyen âge ou à la petite maison dans la prairie), je ne suis pas enthousiaste à tous ces changements drastiques, je ne me réjouis pas que l'avenir de mes (futurs) enfants soit plus noir que rose.

Je suis défaitiste aussi car je n'ai plus confiance, ni en ceux qui nous gouvernent, ni en la science, car il est dangereux de croire que tout va s'arranger et que des solutions seront trouvées. C'est risqué et hasardeux de penser que l'on pourra « trouver » de l'eau potable quand elle se fera plus rare. C'est imprudent et pernicieux de songer que l'on saura reproduire de l'air sain, des terres arables non polluées, des espèces animales disparues, des forêts bienfaisantes... Tout ceci est techniquement et humainement impossible. Nous allons droit à notre perte, mais nous y allons la tête haute! (pour ne pas voir le gouffre où nous allons tomber)

Quand est-ce qu'on va réaliser? Quand le trou de la couche d'ozone va s'agrandir et nous montrer ce que ça donne? Quand l'eau potable commencera à manquer ou l'air pur respirable? Quand le vertigineux gouffre qui séparent les riches vautrés dans leur opulence et indifférents aux conditions de vie des autres et les pauvres, excédé par ce détachement, mais forcé de rester dans cette misère injustifiable et insupportable, va se creuser, encore? Quand ce déséquilibre scandaleux aura atteint l'inacceptable et aboutira à un déchainement de fureur et de violence? Quand ce désastre aura entraîné une guerre (nucléaire sûrement)? Quand les forêts, pourtant indispensables à notre survie ne laisseront la place qu'à quelques plantations d'arbrisseaux? Quand le réchauffement climatique aura eu raison de la banquise? Quand l'élévation du niveau des océans engloutira la majorité des côtes? Quand les catastrophes naturelles deviendront la future météo, cyclone, tornade, inondations, sècheresse, perte des récoltes, famine, maladies... Que nous faut-il pour commencer cette « révolution » dont les conséquences n'apporteront ni puissance, ni influence, mais ayant juste pour finalité la survie de la planète et de « Nous » par la même occasion.

Pour conclure, un proverbe amérindien :

"Quand le dernier arbre aura été coupé, Quand la dernière rivière aura été empoisonnée, Quand le dernier poisson aura été pêché, Seulement après tout ça, vous vous apercevrez que l'argent ne se mange pas"



17/03/2009
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