Avis d'une chômeuse heureuse mais dubitative
Oh je vous vois déjà froncer les sourcils, vous interroger, vous demander comment cet oxymore est possible? Chômeur et heureux ne vont pas bien ensemble, ou alors? Oh quelle horreur, une personne qui se permet de dire une chose pareille est obligatoirement dérangée ou simplement provocatrice ou alors, pire, une grosse fainéante... Que j'ose me dire heureuse dans une situation qui devrait être honteuse et qui fait peur à tant de monde, me fait passer aux yeux de la majorité pour un parasite de la société, pas besoin de réfléchir plus loin ou plus longuement, l'affaire est close, la réponse définitive!! Parasite! Vas donc bosser! Dixit ma mère, ma conseillère ANPE et la société toute entière, sûre de son jugement, c'est même les médias et le gouvernement qui l'ont dit!! Ils doivent avoir raison...
Ne vous en déplaise, je suis bien plus heureuse comme ça qu'au boulot, quelle est cette étrange idée de vouloir à tout prix nous inculquer cette valeur Travail, cet amour du Travail, cette passion poussée à l'extrême, n'est-elle pas responsable de notre malheur? Avec moi, la Sacro-sainte valeur Travail a du souci à se faire! Les économistes, le gouvernement et l'église voudraient continuer à nous faire croire à cette aberration et de notre côté, point de réaction, alors rien ne change.
Pourtant pour moi, tout me paraît si simple, l'Homme a inventé les machines, quelle merveilleuse invention, qui rappelons le, était destinée à le libérer du travail. L'époque où tout le monde était enchainé aux usines, aux bureaux et aux chaînes est révolue. Les révolutions industrielles et informatiques ont eu lieu, les machines nous remplacent pour les durs labeurs et les gestes répétitifs, acceptons ce bonheur! Mais non, tout le contraire arrive, le plein emploi est demandé! Je dois être idiote, je ne comprends pas la logique??
- La mécanisation a permis de supprimer de nombreux emplois et la société se fonde sur le travail comme valeur suprême.
- La machine remplace l'homme mais le plein emploi est exigé. Devenons nous nous battre contre les machines? On nous demande peut être d'être plus rapide et performante qu'elles? C'est une course folle et perdue d'avance et c'est tant mieux. Arrêtons cette folie de vouloir produire toujours plus, plus vite que les machines qui elles, vont sans cesse plus vite aussi, nous obligeant à consommer toujours plus pour absorber cette surproduction juste utile à préserver l'illusion et à confirmer la nécessité du travail.
- Vu que les machines ont pris notre boulot et que le travail est une valeur sûre et obligatoire chez les hommes civilisés, on a eu l'idée ingénieuse d'en inventer d'autres!! Puisque trois quart des métiers «utiles» sont assurés par les machines, on va inventer des métiers relativement inutiles! Voilà pourquoi, même si l'automatisation nous permettait de nous passer du travail, nous travaillons plus qu'avant. Oui! C'est la triste vérité, nous travaillons plus qu'avant. Qu'avant quoi me direz vous? Bien avant, dans des temps reculés où tout préhistorique que nous étions, nous nous activions seulement quelques heures par jour pour cueillir et chasser. Bien avant aussi, aux temps des chevaliers, où les hommes travaillaient dur mais étaient moins dingues que nous! Le tiers des jours du calendrier étaient chômés et il fallait bien suivre le rythme des saisons, l'hiver la plupart glandait.
La conclusion est que le culte du travail n'a d'autre utilité que de maintenir la paix sociale et d'occuper le peuple. Le travail est la plus efficace des polices! Voilà pourquoi malgré l'automatisation, nous ne sommes pas libérés du travail, au contraire, il y a toujours plus de travailleurs pour toujours moins de travail, et voilà pourquoi la moitié des métiers vidés de leur utilité nous sont proposés comme le saint Graal
et malheur à vous de les refuser... Ces nouveaux boulots, tous aussi ennuyeux les uns que les autres nous sont imposés comme garde fou denotre société (si idéale), ces emplois du secteur tertiaire, les plus débiles jamais inventés, qui n'ont d'utilité que pour ceux dont il renforce le pouvoir (gouvernement) et qui sont si nuisibles pour ceux qui l'exercent ou ceux qui en font les frais (nous). Qui n'a jamais été exaspéré par un coup de fil d'un télévendeur ou la paperasse inutile des administrations?En sachant maintenant que le travail n'est là que pour vous empêcher de penser et de réfléchir, que tout le monde veut vous faire croire que n'importe quoi vaut mieux que rien! Il est facile de se rendre compte la finalité de tout ceci, les patrons veulent votre vie, votre temps et votre âme! Sinon pourquoi ne pourriez vous pas rentrer chez vous quand votre labeur est terminé? Même si vous avez fini plus tôt que prévu, acte de présence est obligatoire. Sinon pourquoi la durée hebdomadaire du travail n'a-t-elle pas diminué depuis cinquante ans?
Alors vous comprenez que je m'interroge! Si le chômage est là, c'est soit qu'il n'y a pas assez de travail pour tout le monde, soit que tous les chômeurs sont des fainéants heureux de leur sort, qui pompent l'argent des bonnes gens qui travaillent à leur place et se permettent de refuser de bosser alors qu'il y a du boulot!
Ah je n'en veux pas aux gens de penser ça, le raccourci est facile et les médias vous aident! Les chiffres du chômage sont trafiqués à la baisse, les fraudes de (quelques) chômeurs sont gonflés à la hausse et il n'y a qu'un pas entre la lutte contre le chômage et la lutte contre les chômeurs!
La devise de sarkozy n'est pas : « diviser pour mieux régner? ». Il a bien réussi son coup en montant les travailleurs contre les chômeurs. Savez vous que les promesses de plein emploi du gouvernement sontimpossibles à tenir? Simplement car il existe un taux de chômage minimum, un taux « idéal » et ne pas passer en dessous, il est à peu près à 10% en France, si le chômage baisse, l'inflation augmenterait. Si la pression que le chômage exerce sur le marché du travail et les salaires n'est plus là, alors les augmentations de salaires et donc de prix pointeraient leur nez, bonjour inflation, au revoir plein emploi.
Pour tout ceux qui pensent que la fraude atteint des sommes extravagantes qui vous font dire qu'il y en a marre de payer pour les chômeurs (encore un raccourci) juste quelques chiffres glanés sur le très sérieux site du Monde diplomatique, en voici un extrait : « en supposant même que 10 % des dépenses de l'assurance-chômage soient liées à des prestations indues (personne n'a jamais « sorti » une estimation si extravagante ), on atteindrait avec difficulté une perte pour les caisses d'assurance-chômage de 3 milliards d'euros par an... soit une somme très éloignée du montant de la fraude fiscale, estimée à 50 milliards d'euros par an pour la France. Curieusement, quand on vole l'état, il semble que cela soit moins grave. Il faut dire que les voleurs ne sont sans doute pas les mêmes. »
Mais je ne vous en veux pas, non, j'ai le temps d'y réfléchir, j'ai d'ailleurs cette chose inestimable pour moi qu'est le temps. Le travail, venant du latin tripalium signifiant objet de torture, prend tout simplement trop de place dans votre vie pour vous permettre de penser ou de faire autre chose.
Nous sommes conditionnés à tout cela depuis l'enfance, l'école n'est-elle pas le commencement? On nous y inculque les bases de la société moderne, les prémices de la dureté du système en nous faisant intégrer les notions de hiérarchie, de notation, de domination et de compétition. On nous fait bien comprendre qu'il faut se battre, les bons résultats sont exigés, les bonnes notes de l'école nous préparent aux bons résultats de productivité et de docilité de nos futurs emplois. On nous prédispose à la lutte, les petits copains ne sont pas des camardes mais des futurs ennemis. On fabrique les exploitants et les esclaves de demain, gare à toi si tes notes sont nulles! Il arrivera vite ton châtiment, tu sera en bas de l'échelle avec un boulot pourri et un smic, sans donner à tes parents la fierté d'un enfant qui a réussi et en enfonçant le clou avec les histoires dont on nous bourre le crane de « ceux parti de rien et aujourd'hui milliardaire. »
Oui, c'est plus facile pour vous de me persuader de trouver du boulot plutôt d'essayer de penser à une vie sans travail. Trouver un emploi, c'est un jeu d'enfant, il y en a plein, à l'ANPE, dans les petites annonces, sur les vitrines des magasins. Alors bouge toi me diriez vous, arrêtes de trop penser et rentres dans le moule c'est pas difficile. De toute façon, tu es obligée! Pour vivre, il faut de l'argent, et pour avoir de l'argent, il faut travailler, gagner sa vie, servir à quelque chose et tenir son rôle dans la société. Voilà, tout est dit, il faut gagner sa vie, lutter, se battre, adhérer à une entreprise, se faire exploiter et lui dire merci, s'identifier à cette grande famille, leur donner notre vie. Un petit exemple sur l'hypocrisie du système est la lettre de motivation. Pourquoi faire une lettre? Tout le monde sait qu'on travaille pour manger mais nous taisons les vraies raisons pour en inventer des plus jolies pour faire plaisir à notre futur employeur en lui léchant les bottes. Je n'arrive pas à intégrer tout ça, à m'en contenter, je suis une rêveuse, une paresseuse, une allergique au travail salarié obligatoire et non choisi. J'ai la fâcheuse habitude à vouloir faire ce qu'il me plaît, quand il me plaît, pourquoi se fabriquer des contraintes supplémentaires? Il y en a déjà tant, naître, grandir, manger, boire, se loger, vieillir et mourir. Je suis une inadaptée du travail mais je veux vivre quand même si on m'en laisse l'occasion.
Je ne veux pas de travail, ni d'un super travail bien payé qui ne sert à rien et à personne, ni d'un travail de merde sous payé et aliénant. Nous sommes ce que nous faisons, si notre boulot est débile, emmerdant et sans utilité, il y a de grande chance pour que nous devenions aussi débile, emmerdant et inutile. L'esclavage salarié que nous subissons est une douce lobotomie responsable de l'abrutissement général de la population bien plus dangereuse que la télé ou l'école.
Entre survivre au chômage ou vivoter dans un emploi minable, j'ai choisi, le temps pour moi remplace largement les différences de salaires. Et ne pensez pas que je rêve d'argent! Non, le minimum pour vivre me suffit, l'argent ne fait pas le bonheur mais le seuil de pauvreté de 800 euros par mois (à peu près) n'est pas assuré à tout le monde. J'ai quelques mois de répit, 800 euros par mois et après rideau, fin de droit et démerde toi.
Ne surtout pas penser aux actionnaires (payés à ne rien foutre aussi) ou aux grands patrons qui gagnent des sommes mirobolantes avec tellement de zéros que la tête me tourne. Que des gens gagnent bien leur vie ne me dérange pas, ne croyez pas que je suis envieuse, si j'avais voulu être riche, je me serais débrouillée autrement! Mais je ne comprends toujours pas la logique d'une telle chose, qu'une personne puisse toucher 2000 fois le smic en un mois est incompréhensible. Cet homme travaille 2000 fois plus que moi? 2000 fois mieux peut être? Sa vie vaut 2000 fois la mienne? Pas grave, ils ne l'emporteront pas au paradis, dans leur cercueil, leur argent ne leur servira à rien, à part, peut être, d'avoir un plus beau cercueil.
Je suis chômeuse, j'ai été rmistes, que ceux qui se permettent de me le reprocher et de me traiter de parasite profitant du système, je leur répondrais juste de prendre ma place s'ils sont jaloux. De venir voir comment on peut vivre avec les minimums sociaux. Si on donnait deux ou trois smic aux chômeurs, je veux bien accepter d'entendre les gens m'insulter, je me plierai volontiers à leurs règles et j'admettrais devoir des comptes, chercherait activement du travail et subirait docilement les convocations ANPE, les stages bidons et les humiliations. Mais les minimas sont bien plus bas, qui peut vivre avec un RMI à 400 euros? Avec une somme si dérisoire, ne pouvons nous pas espérer une tranquillité absolue?
Je dérange tant que ça? Même si je fais la grasse matinée et ne donnes pas mon temps, je ne nuis à personne contrairement au bon travailleur qui vous appelle chez vous pour vous vendre ses merdes, au garagiste qui vous entube, au publicitaire qui pollue votre maigre espace de liberté, au vendeur qui ne connait rien à ce qu'il vend, au coiffeur qui vous rate ou aux politiciens qui vous font de belles promesses pour mieux vous endormir après. Moi, avec mon petit chômage, j'ai au moins le mérite de ne pas nuire au bien commun et d'emmerder personne. Je ne vend pas d'arme, pas de drogue, pas de travail au noir, je pollue moins, je consomme quand même, je ne fais la morale à personne, je n'oblige personne à travailler ou à ne pas le faire et je citerai une phrase d'un collectif de chômeurs : Que se passe-t-il dès qu'une entreprise annonce une charrette de licenciements? Les actionnaires sautent de joie, les spéculateurs la félicitent pour sa stratégie d'assainissement, les actions grimpent, et le prochain bilan témoigne des bénéfices ainsi engrangés. De la sorte, on peut dire que les chômeurs et chômeuses créent plus de profit que leurs ex-collègues. Il serait donc logique de les récompenser pour leur contribution sans égal à la croissance. Au lieu de cela, ils n'en touchent pas un rogaton. Le chômeur heureux et la chômeuse heureuse veulent être rétribué-e-s pour leur nontravail.
Alors quand verrais je enfin la société évoluait dans le bon sens? Pourquoi une vie sans travail fait peur à tant de gens? A quand une évolution des mentalités? Il me tarde le temps où à la question : qu'est-ce que tu fais dans la vie? Au lieu de répondre « banquier, pdg, secrétaire, chômeur... » les individus réagissent différemment, et disent plus simplement « mère, amoureux, heureux, distrait, triste, peintre, amant, lecteur... » comme si tout l'intérêt d'une personne venait uniquement de son travail... quelle tristesse je trouve.
Je pense qu'il est possible d'imaginer une autre société, surtout en se rendant compte des problèmes réels liés au travail ainsi que tous les dommages collatéraux qu'il génère comme la pollution et les inégalités sociales. Il est raisonnable, surtout lorsqu'on n'est pas en position idéale (riche, avec un bon travail, sans autre problème...) de vouloir un autre monde plus juste. Une société non pas de plein emploi mais de plein revenus. Les chômeurs manquent de travail mais surtout d'argent, alors pour être plus clair, disons demandeurs d'argent et plus demandeurs d'emploi. Nous souhaitons l'abolition du salariat, mettre un terme au productivisme effréné, à la course à la croissance meurtrière et à la destruction des écosystèmes, en produisant moins et plus utile. Nous sommes opposés à la mise en concurrence des individus en fonction de leur "mérite" et nous voulons vivre en harmonie avec la nature, pas la détruire. Voilà notre vision du travail. De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins.
Alors quand seront nous prêts à une nouvelle vie? Le changement fait peur mais il est nécessaire et urgent de changer notre façon de vivre et donc de penser . Pour préserver la nature et perpétuer notre espèce, nous devons imaginer un autre système. J'adhère à celui du revenu universel.
Oui mais quoi à la place du travail? Serez- vous capable d'imaginer la vie sans? Une vie sans travail, sans labeur, sans réveil matin. Une vie à réinventer où le temps n'est plus à vendre. Une vie faite d'activités choisies, voulues, épanouissantes, créatrices et créatives. J'entends beaucoup de monde en avoir marre du travail, les absences en disent long et les grèves aussi! Ras le bol du boulot, rêver des vacances, fatiguer des horaires, maltraiter par les conditions, sans aucune reconnaissance des patrons, se plaindre de leur salaire et surtout de ne plus avoir le temps pour rien d'autre! Mais pourriez- vous, malgré notre conditionnement à l'obéissance et la ponctualité, vous lever sans travail? Le réveil nous tire d'un lit où nous resterions bien, épuisés par le travail la veille, mais nous nous levons quand même pour aller à ce boulot qui nous fatigue le lendemain. Oseriez vous vous lever pour autre chose ou pour rien? Quand une chose est nuisible et désagréable, nous nous en éloignons,pourquoi ne pas le faire pour le travail?
Le revenu universel est peut être la solution, une allocation pour tout le monde sans exception, peu importe l'âge, le revenu, le travail, qui remplacerait ensuite toutes les autres aides sociales et qui placerait tous les individus au dessus du seuil de pauvreté puisqu'il devra surement être égal au smic actuel.
Ce revenu n'est pas accordé par charité, ni par mérite, il est accordé en tant que part légitime de l'héritage collectif.
Ne croyez pas qu'un tel revenu nous ferez tous devenir des paresseux désoeuvrés encastrés dans nos canapés. Je ne m'ennuie jamais, même sans activité, mais ce n'est pas le cas de tout le monde! Un monde sans travail et avec un revenu inconditionnel ne veut pas dire un monde d'inactifs inutiles! Il y aura toujours les irréductibles! Ceux qui ne peuvent se passer du boulot, ces passéistes qui ne comptent pas leurs heures, travaillant 70 heures payées 35! et s'ils « réussissent » se verront avec 70 heures payées 800! C'est normal? Et ceux qui bossent bien mais ne « réussissent » pas ? Et ceux qui ne peuvent pas, les inadaptés, les inutiles? On en fait quoi? On les laisse crever de faim ou on les extermine pour aller plus vite. Pourquoi sommes nous obligés de culpabiliser les chômeurs, de les traiter d'inutiles alors qu'un travailleur qui bosse mal ou qui fait un job qui ne sert à rien ou à personne ne se sent pas fautif? Il y a ceux qui travaillent et qui sont payés et ceux qui voudraient bien travailler mais qui ne peuvent pas ou qu'on en empêche et qui ne sont presque rien payer et pas longtemps. Quand est-ce qu'on acceptera 0 heures payés 35?
Voilà, moi, avec un revenu assuré, je vois une société heureuse, des passéistes ravis de travailler pour créer les richesses nationales, des personnes épanouies dans leurs activités multiples mais choisies, chacun son talent et les résultats seront meilleurs quand on aime ce que l'on fait. Même les tâches difficiles pourraient être envisagées avec plus de liberté, de souplesse et de commodité si elles devaient être effectuées avec moins de contraintes. Soit car on le veux, soit car les horaires seront moins lourds que actuellement ou que le travail serait partagé et occasionnel. Ça ne me dérangerais pas de ramasser les poubelles si la rémunération était attractive ou si cette tâche devait s'effectuer que occasionnellement comme une fois par an par exemple et que cette activité soit collective.
Mais tout ceci n'est pas pour demain, je suis consciente de la situation,rien ne changera ou alors il faudra une révolution, une catastrophe, un élément déclencheur fort. La peur d'un autre avenir nous paralyse, on sait ce qu'on perd mais on ne sait pas ce que l'on gagne me direz vous! Peut être, mais ça ne pourra pas être pire pour moi! Voilà surement pourquoi je désire plus le changement que les autres. Ça peut se comprendre, les riches et les puissants ne désirent rien changer! Et pour cause! Qui voudrait changer les règles d'un jeu où l'on est les maîtres?
Dans quelques mois, quand mes droits au chômage seront terminés, mais que le marché du travail ne se portera pas mieux (je suis réaliste) dans ce futur proche donc, il faudra que je trouve absolument un boulot si je veux continuer à vivre. Tout simplement parce que mon « salaire » sera égal à zéro! Alors soyez rassuré! Je vais devoir retravailler! Je vais être obligé de faire comme vous. Perdre ma vie pour pouvoir la gagner. J'aurais aimé après mon chômage me mettre au RMI, mais c'était sans compter la volonté du gouvernement à nous mettre au boulot! J'aurais pu me contenter de ces maigres 400 euros par mois, juste pour survivre avec la façon de vivre que j'aurais voulu. Suis-je naïve! Non, il me sera impossible d'accéder au RMI, j'ai un chéri, je suis en couple, je vis maritalement avec quelqu'un qui a un salaire supérieur au seuil pour avoir droit au RMI qui est, je crois de 800 euros par mois maximum pour un couple. Donc il n'y a que deux solutions, soit je suis célibataire et je pourrais avoir 400 euros, soit je reste avec mon concubin (ce sera mon choix évidement) mais je n'aurais droit à rien, sous prétexte que lorsqu'on est en couple, on se doit assistance! Mon chéri devra assuré seul, je ne pourrais pas l'aider car je n'ai droit à rien, alors que nous ne sommes pas mariés et qu'il n'a aucune obligation de me prendre en charge.
Je vais donc retourner dans le monde impitoyable du travail, y penser me rend malade. Un lieu qui pourrait être synonyme de convivialité, d'entraide, d'expérience, de coopération et de solidarité n'existe plus. Il a été remplacé par un monde de rapace et d'affrontement où chacun doit se vendre et se battre contre tout et tout le monde. Les collègues et les clients deviennent l'objet de notre haine alors qu'il y a quelques temps, elle se situait à l'égard des patrons et de la hiérarchie. Comme exemple, ces jeunes qui ont comme première expérience les caisses des mc do! Ils sont si surveillés et pressés d'être ultra productif que la conséquence directe arrive vite! Comme d'être excédés par les clients (qui sont rois?) prenant leur temps pour commander.
Voici un autre extrait du Monde diplomatique : Ce qui s'est fait en France s'inspire d'une philosophie d'ensemble que John Kenneth Galbraith avait raillée ainsi : « Les aides publiques (...) opèrent un transfert de revenus des actifs vers les oisifs et autres bons à rien, et, de ce fait, découragent les efforts de ces actifs et encouragent le désoeuvrement des paresseux. (...) Donc, en prenant l'argent des pauvres et en le donnant aux riches, nous stimulons l'effort et, partant, l'économie »
En conclusion, que les bons travailleurs se rassurent, ils ne seront plus seuls dans leur malheur, je vais bientôt les rejoindre. Quand on est malheureux, on supporte moins bien le bonheur des autres, comme l'oisiveté est le pire des pêchés, la chasse aux chômeurs, rmistes et autres n'est pas prête à se calmer.
Bizarrement quand je dis aux personnes que je croise qu'il n'y a pas de boulot, je vois de suite leurs regards suspicieux, ils ne comprennent pas, ce n'est pas le discours qu'ils entendent d'habitude dans les conversations ou les médias. Ce n'est pas parce qu'on cherche un emploi qu'on trouve un emploi ou qu'on crée un emploi! Comme si le fait de faire de longues études créait des emplois spécialisés, ou le fait de vouloir une belle histoire d'amour créait une pelletée de princes charmants vous attendant derrière votre porte. Cela ne marche pas comme ça! « Quand on veut, on peut » est une aberration pour moi, une belle illusion aussi. Encore un extrait du même journal : « Fichons la paix aux chômeurs ! », telle devrait être la seule maxime respectable lorsque le niveau de la demande effective et l'appétit d'accumulation des entrepreneurs sont inadaptés aux espoirs de l'ensemble de la population de trouver un travail.
Travailleurs et chômeurs, volontaires ou pas, heureux de leur sort ou non, au lieu de nous juger et de rejeter la faute les uns sur les autres, nous devrions lever la tête pour enfin voir les salauds d'en haut qui profitent de cette situation.
Voici quelques citations sur le thème du travail :
Travaillez pour augmenter la richesse nationale! Travaillez! Travaillez toujours pour créer votre bien être!! travaillez pour que, devenant plus pauvres, vous ayez plus de raisons de travailler et d'être misérables!
La peur de l'ennui est la seule excuse du travail. jules renard
Le travail, c'est le refuge des gens qui n'ont rien de mieux à faire. Oscar Wilde
Ce n'est pas le travail qui est la liberté : c'estl'argent qu'il procure, hélas ! Gilbert Cesbron
Travailler durement, vivre durement, mourir durement et aller en enfer après, ce serait vraiment trop dur . «richard henry dana »
Travailles comme si tu n'avais pas besoin d'argent, aimes comme si personne ne t'avait jamais fait souffrir, danses comme si personne ne te regardait, chantes comme si personne ne t'écoutait, vis comme si le paradis était sur terre. Antoine Chuquet
Mon souhait : une autre société, plus juste, plus unificatrice, qui n'exclut personne et qui privilégiera davantage l'homme plutôt que l'argent, avec un revenu universel pour assurer la cohésion sociale nécessaire au bien être collectif. Un monde libéré de l'esclavage moderne qu'est le travail salarial non choisi. Une vie sans obligation de la passer à trimer jusqu'à nos vieux jours. Un choix de vie pour chacun, selon ses envies, sansimpératif à remplir pour ne pas être exclus. Une société où le travail = esclavage soit vite remplacé par le travail = activités libres et choisies. Un travail qui ne ressemble plus jamais au tripalium = torture.
Un monde où je ne serais plus jugée hâtivement de fainéante et de parasite, où j'aurais le temps pour moi et pour aider les gens avec des activités voulues sans aucune obligation d'horaires, nécessité de contrat, exigence de rendement...
Je suis surement née trop tard ou trop tôt, pas à la bonne époque, pas au bon endroit, je suis heureuse avec moi même et avec les gens qui m'entourent mais je ne me sens pas pleinement heureuse dans cette société et c'est bien dommage pour moi et pour tous ceux qui sentent comme un malaise ou un manque. Un monde où personne ne se cache plus la tête dans le sable pour ne pas prendre en compte les incidences néfastes de leurs actes. Il est tellement plus facile de se voiler la face et de ne surtout pas penser aux désastres écologiques à venir et qui seront de notre faute, qui découleront de nos façons de vivre. Une société qui prendra ses responsabilités en stoppant l'impact polluant de son fonctionnement, arrêtons cette croissance futile, quelle planète voulez vous laisser à vos enfants? Rappelez vous que ce sont nos enfants qui nous prêtent la terre, elle ne nous appartient pas, nous l'oublions si vite...
Comment peut-on croire encore à une croissance infinie? Dans un monde fini. Avec des ressources limitées. C'est un non sens, nous nous mentons. La seule solution est pour moi la décroissance, mais elle fait peur à tout le monde! Surtout à ceux qui ont le plus à perdre...
Je suis née du mauvais côté! Être pauvre, c'est comme être chômeur, la société nous fait sentir que nous sommes responsable de notre sort!
« L'idée revint en force que, pour secourir les pauvres, mieux valait ne pas les aider » tout est dit!
Je remercie mon chéri de me soutenir ainsi que tous les articles qui m'ont fortement inspirés, lus sur des très bons sites que beaucoup devrait lire! Comme AC, rue 89, RTO, le monde diplomatique, marianne, actu chômage... ainsi ceux que j'oublie.